L’art d’attendre : les esthètes pour panser l’attente

Qu’on habite en milieu urbain hyper-dense, en péri-urbain ou en ruralité isolée, nous partageons toutes et tous un réflexe commun en arrivant en station : jauger l’attente qui nous sépare de l’arrivée d’un car, d’un train, ou d’un tramway. Et souffler de dépit et d’impatience, ou pas …

Deux, cinq, vingt-trois minutes ? Qu’importe, l’attente - et son corollaire : la crainte de rater son bus ou son train - sont des contraintes plus ou moins acceptables pour chacun·e. Ce qui est certain, c’est que nous les intégrons à nos pratiques et stratégies quotidiennes. Partir un peu plus tôt. Prendre un livre. Prendre le temps d’un café au bar-tabac du coin. Pianoter sur son téléphone portable. À sa manière, on comble l’attente comme un vide.

Alors, posons-nous cette question : et si demain l’attente devenait un art du quotidien, propice à d’autres plaisirs, rencontres et sensations que celui du stress solitaire en bord de quai ou sous l’abri bus ?

Pour tenter d’esquisser une piste de réponse, embarquons en Autriche, et plus précisément sur la ligne de bus de Krumbach, un village de 1000 habitants en montagne. (https://lnkd.in/gFMRVR6Q)

👉 L’association Kultur Krumbach a commissionné 7 architectes et designers du monde entier pour réaliser 7 arrêts de bus uniques.

👉 Une grande diversité de matériaux employés et de philosophies exprimées dans ces constructions.

👉 Des mobiliers ruraux qui offrent de nouveaux points de vue sur l’environnement proche mais aussi des usages inédits de l’attente.

Sept abribus inédits donc. Sept mobiliers qui semblent faire écho aux qualités nécessaires d’un espace relationnel énoncées par l’anthropologue et géographe Sonia Lavadinho (https://lnkd.in/gwv2-aXK) :

1️⃣ Premièrement, être à même d’accueillir le micro-séjour. On prête généralement deux rythmes à la rue : le transit et le séjour. Pourtant, un temps intermédiaire existe, le micro-séjour. Ces moments entre deux, de moins de 30 minutes, où chacun·e s’autorise à se poser, s’arrêter, flâner, discuter au coin d’une rue, à prendre le temps de regarder autour de soi ou s’adonner brièvement à une tâche, etc.

2️⃣ Deuxièmement, l’opportunité de pouvoir concilier, en un même endroit et un même temps, différentes natures d’être-ensemble : à plusieurs, à deux, de façon isolée en groupe comme lorsqu’on fait la queue, mais aussi être seul avec soi-même, avoir la possibilité de se retrouver avant de mieux pouvoir retrouver l’autre.

3️⃣ Enfin troisièmement, en écho à ce point, l’espace public doit ainsi réussir à concilier l’intime et l’extime.

Au prisme de cet art renouvelé de l’attente et de cette pensée de l’espace relationnel, il semble essentiel de questionner l’ordinaire du mobilier rural standardisé de nos mondes ruraux.

Quels sont vos éclairages, vos expériences et vos questionnements sur ces sujets ?

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